Radio Caroline (1964-1990)
Le soutien du France Radio Club

Depuis sa création en 1974, France Radio Club a toujours soutenu les radios offshore. Il ne s’agissait pas là de soutien financier - nous n’en avions d’ailleurs ni la possibilité ni les moyens - mais l'objectif était de faire connaître ces stations à un public le plus large possible, et faire partager le plaisir d’écouter ces radios pas comme les autres.

Dans ce but, nous avons été amenés à participer à différentes émissions radio ou TV et à collaborer avec de grands médias européens et dès le milieu des années 70.

Cependant, France Radio Club est allé plus loin et a concrètement supporté Radio Caroline à plusieurs occasions marquantes. Voyons pourquoi et comment.

Mais voyons également pourquoi France Radio Club n'a jamais apporté son soutien à la station qui se prétend aujourd'hui être Radio Caroline.

Boulogne sur mer

Au milieu des années 70, le navire émetteur de Radio Caroline, qui abrite également les studios de Radio Mi Amigo, est ravitaillé depuis le port français de Boulogne sur Mer. Dans le 1° port de pêche français, les propriétaires de petits chalutiers de pêche sont plusieurs à aider Radio Caroline et ses équipages. Ils ne s'en cachent pas vraiment et régulièrement ils amènent à bord de la nourriture, de l'eau, des disques ou du carburant pour les génératrices qui alimentent les émetteurs de Radio Caroline et Radio Mi Amigo.

C'est aussi par ce moyen que de nouveaux équipages arrivent à bord que d'autres rentrent à terre. Une personne assure les contacts avec ces pécheurs en organisant le ravitaillement.

Mais la police française va s'en mêler et cette personne est arrêtée. Un procès a lieu en 1977 et nous sommes intervenus afin d'assister cette personne qui était bien loin d'avoir commis le crime du siècle...

Thalassa

Un peu plus de dix ans plus tard, nous permettons à la journaliste Anne Marie Gustave de Télérama de visiter le navire de Radio Caroline. Elle est enthousiaste et nous met en relation avec l'équipe de l'émission télévisé Thalassa qui est intéressée par Radio Caroline (et qui n'en connait pas l'existence).

Nous prenons en charge toutes les démarches pour faire aboutir le tournage de ce numéro dédié à Radio Caroline. Pour la 1° fois, et par notre intervention, une équipe TV s'installe à bord du Ross Revenge pendant trois jours, vit avec l’équipage et interviewe les Djs. Nous obtenons une interview exclusive du fondateur de Radio Caroline, Ronan O’Rahilly, qui accepte de rencontrer les journalistes à Paris.

Le tournage débute au milieu du printemps 1989 et l'émission est diffusée en Septembre 1989 et amène en France un nouveau regard sur Radio Caroline.

L'abordage du Ross Revenge

Mais quelques jours avant cette diffusion, un événement inimaginable se produit: le navire émetteur de Radio Caroline est abordé illégalement par les autorités anglaises et néerlandaises. Ils détruisent ou emportent tout: matériels de studio, disques, antennes, émetteurs, etc...

France Radio Club s’implique alors dans l’aide matérielle pour le retour sur les ondes de Radio Caroline. Par exemple, des magnétophones Revox, des disques et du matériel sont passés et amenés à bord du Ross Revenge. Avec d’autres associations, le Ross Revenge Support Group (RRSG) est formé. De l’argent est collecté et passé à la station.

L'un des donateurs français est le patron du réseau NRJ, Jean Paul Baudecroux, qui en soutien, nous fait parvenir un chèque pour Radio Caroline. Il déclare alors qu’il a créé sa station grâce à Caroline et offre cet argent pour l’aider dans ces moments difficiles.

Grâce à l’excellent travail de l'ingénieur Peter Chicago et les dons d’auditeurs qui affluent à travers toute l’Europe, Radio Caroline peut revenir sur les ondes, juste un mois après le raid et la confiscation de son matériel.

Durant les semaines qui vont suivre, France Radio Club, avec la générosité de ses membres à travers l’Europe va réunir une somme importante pour le RRSG, en plus des dons divers de matériel.

Avec le seul but de récolter des fonds pour Radio Caroline, France Radio Club finance également l’édition et la publication du livre de Peter Moore « Butterfly upon a wheel ». Ce livre mais aussi un grand nombre d'articles sont vendus pour intégralement aider à la sauvegarde de la station offshore.

Interpeller les instances européennes

Début 1991, Radio Caroline n’est plus sur les ondes mais le navire reste en mer. France Radio Club continue néanmoins son support - financier et moral.

Pour contrecarrer les plans du gouvernement anglais, Ronan O’Rahilly essaie d’obtenir une licence d’un pays du tiers monde, seule possibilité qui reste.

Pour notre part, France Radio Club décide d’aider en interpellant les instances européennes. Notre action en faveur de la sauvegarde de Radio Caroline en tant que média unique et partie du patrimoine culturel européen sera reconnue et supportée par de nombreux parlementaires européens, dont le futur 1° ministre français Jean Pierre Raffarin.

Mais la technocratie est telle qu’il apparait vite que notre cause n’est pas prioritaire et plutôt dérangeante pour la Commission Européenne qui nous somme d’arrêter de lui écrire et met un terme à nos démarches! Comportement pour le moins contradictoire car au même moment, elle finance une radio offshore pour la Yougoslavie, Radio Brod !

Conférences de presse

Pendant toutes ces actions, il fallait que Radio Caroline reste présente dans les médias. Le 19 Octobre 1991 Ronan O’Rahilly se rend à Calais pour une conférence de presse organisée par France Radio Club. La presse nationale est présente avec "France Télévision", "Libération", "Le Monde" ou encore "France Infos".

Le fondateur de Radio Caroline doit se rendre ensuite à Paris pour rencontrer un représentant d'un pays qui pourrait aider Caroline.

Il soutient pleinement l’action du France Radio Club et nous donne carte blanche pour le représenter en France.

Mais le 20 novembre 1991 le Ross Revenge perd son ancre et est remorqué à Douvres. Le 30 novembre 1991, une nouvelle conférence de presse a lieu à Calais à nouveau à l’initiative de France Radio Club. Le but est de prendre en conséquence la nouvelle situation: l’objectif désormais est d’abord de régler les frais de sauvetage/remorquage, de payer les frais portuaires tant que le navire se trouve à Douvres et enfin de réparer le navire pour le ramener en mer au plus vite !

Présence sur les ondes

Dans le même temps, nous passons des accords avec des radios françaises et internationales afin que les djs et programmes de Radio Caroline puissent être entendus en attendant le retour du navire en mer.

Bien évidemment, c'est le but ultime que de ramener le navire en mer et le plus rapidement possible, dans le meilleur état possible. Pour cela il faut continuer à trouver de l’argent. En Avril 1992 une première émission temporaire de Radio Caroline a lieu depuis le Ross Revenge à Douvres. France Radio Club va faciliter toute l’opération en trouvant des annonceurs français pour payer les frais d’émissions.

Petit à petit, l’argent aidant, les frais du sauvetage sont remboursés. Il devient maintenant impératif de trouver une nouvelle position  pour le navire:

Offre refusée

1994 est un tournant important dans l’évolution du soutien de France Radio Club à la station. Cette année-là, un évènement mondial doit avoir lieu en Normandie, à Rouen. Toute une série de voiliers doivent descendre la Seine et rester une semaine à Rouen. Les organisateurs souhaitent que le Ross Revenge puisse participer et sont prêts à payer tous les frais de l’opération.

Le navire voguerait entre Le Havre et Rouen - des millions de personnes étaient attendues sur les rives du fleuve - et à Rouen il servirait de base pour la radio qui couvrirait l’évènement !

Afin de permettre la sortie du navire du port anglais de Douvres, les travaux indispensables sur le gouvernail seront pris en charge par l’organisation des Voiles de la Liberté et le navire pourra enfin être remorqué à Rouen. Ensuite il pourra retrouver sa place en pleine mer après un passage éventuel à Calais pour une révision générale où nous préparons son passage.

Mais l’offre est refusée de la part de ceux qui détiennent le Ross Revenge…

Du doute à la certitude

Désormais France Radio Club, qui avait un doute depuis quelques mois, est fixé sur leurs intentions et il apparait clair que si Radio Caroline devait revenir un jour depuis la mer, ce ne serait plus jamais depuis le Ross Revenge mais depuis un autre navire.

Le support de France Radio Club s’arrête donc immédiatement. Notre objectif n’était pas de supporter un bateau musée et une radio légale à terre mais bien une vraie radio libre en mer.

Malgré notre position, Peter Moore -qui a été le bras droit de Ronan O'Rahilly à la fin des années 80- nous contacte pour nous demander de soutenir financièrement sa station sur satellite sous le nom de Radio Caroline. Nous refusons catégoriquement.

C'est aussi à ce moment que l'on apprend qu'il négocie avec les officiels anglais du DTI (qui ont abordé le navire émetteur en 1989). Il s’engage à ce que le navire ne revienne jamais en mer alors qu'il a promis le contraire à Ronan O'Rahilly et aux supporteurs de Radio Caroline. En échange de ce deal infamant, il peut garder le Ross Revenge sans pourtant être propriétaire. Une future licence légale à terre est à la clé...

Une dernière fois

France Radio Club donne une dernière fois de l’argent à Ronan O’Rahilly, venu à Calais en juillet 1997 avec Johnnie Walker, dans le but de payer les avocats en charge du procès contre les auteurs de l’abordage de 1989.

Les Néerlandais qui ont abordé le navire en 1989 finissent par rendre le matériel saisi à ceux qui détiennent le Ross Revenge et qui ont promis de ne jamais ramener le navire en mer. Sans ce matériel et avec le Ross Revenge bloqué pour toujours en Grande Bretagne, il s’avérera impossible pour Ronan O’Rahilly de trouver une licence d’un pays du tiers monde...

On lit parfois que Radio Caroline serait de retour. Vraiment ? La réponse ici.

 

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