TANTE FRANCINE  (Francine Lemaître)



"annonciatrice", c'est tout de même plus joli que "speakerine", "animatrice" ou "DJ" ?
 

Fille d'une famille de six enfants, Francine Lemaître a une jeunesse studieuse. Le hasard et la chance semblent l'avoir menée vers le micro. Pour gagner sa vie, dès l'âge de seize ans, la jeune Francine Lemaître pratique et enseigne la sténographie. Dactylo chez un agent d'assurances fécampois, Francine Lemaître s'est trouvée soudainement propulsée de la machine à écrire à la table d'écoute. Car 1929 est l'année ou Fernand Le Grand recherche une sténodactylo pour prendre les communiqués de Paris-Soir par téléphone afin de pouvoir les relire presque simultanément au micro. Engagée à Radio Normandie, elle débute au micro deux mois plus tard tout à fait par hasard : M. Le Grand retenu au Havre demande à Francine de le remplacer, sinon le micro risque de se retrouver muet. Après des instructions rapides, des tâtonnements encore plus rapides, Francine Lemaître sans expérience, prend possession du micro. Pour être imprévu, le début n'en est pas moins heureux, la voix est charmante, joliment timbrée, nette et riche de nuances. Le plaisir des auditeurs s'affirme quelques jours après dans le courrier reçu. Quelques années vont suffire pour faire d'elle « Tante Francine » très célèbre dans la région et surtout dans Fécamp même. Elle est rejointe par Roland Violette, un ouvrier typographe d'Elbeuf qui devient « l'Oncle Roland » et à eux deux vont créer la section des jeunes auditeurs.

 


Oncle Roland dira à ce propos : « Vous êtes plusieurs milliers à écouter chaque jour notre émission et vous ne connaissez pas la façon dont a été fondée votre section. C'est en octobre 1932 que Tante Francine et moi-même, nous nous demandions si notre idée de créer une émission spéciale à votre intention allait recueillir vos suffrages. Les artistes n'étaient pas nombreux, mais cahin-caha, nous continuâmes car vous nous encouragiez déjà » En 1934, le nombre de jeunes auditeurs augmentant rapidement (30.000 adhérents), il faut passer à l'échelon supérieur. Il est tout d'abord fait appel à un professeur de piano chargé de constituer un groupe d'enfants pouvant réaliser une émission complète et permettre de supprimer petit à petit les disques qui passent un peu trop souvent. A cette époque, en plus de l'émission enfantine qui débute à 13 heures le jeudi, il est décidé de donner également une matinée enfantine à 18 heures. Autour des deux animateurs, on retrouve Roselyne Moëllo, chanteuse, Manuella Feron qui assure le rôle d'une « prétentieuse » qui visite l'Amérique, Jacques Mercier, le « Marseillais », Christiane Burel qui chante, Huguette, le petit Armand, la petite Arlette, Georgette et Josette, boute-en-train qui joue toujours des rôles de « bonniche et d'andouille ». « Ne fait pas l'andouille qui veut », lui répond Francine lorsque Josette demande pourquoi elle a toujours ces rôles.





 






Pour préparer l'émission, tous les jours, les enfants, après l'école, vont répéter leurs chansons, sketches et comptines. Puis ils se retrouvent au studio bleu, rue de Boulogne. De temps en temps, Francine est remplacée par « cousin » André. Josette se souvient avoir rencontré la chanteuse Rina Ketty dans les studios. Pour remercier ces jeunes qui consacrent beaucoup de temps aux répétitions à la place des récréations, une récompense leur est offerte chaque année : un voyage avec parfois la visite des studios de Caudebec et un arbre de Noël.

Les souvenirs évoquent encore aujourd'hui, une tante Francine merveilleuse de gentillesse et de simplicité, très sympathique, adorée de tous… Tante Francine qui s'était retirée sur la Côte d'Azur, est décédée en mai 1986.