English translation / Traduction en anglais

Lettres échangées avec DAVID (Ian) NEWMAN


David Newman
"speaker" à Radio Normandy
 

> Le 28 mai 2007

 

Ayant trouvé par hasard le site de Radio Normandie, j'étais très intéressé de lire toutes les informations sur ce poste ainsi que les articles dans "Le Progrès de Fécamp" et "Le Courrier Cauchois" du 18 novembre 2006 commémorant les 80 ans de Radio Normandie.

 

J'étais "speaker" anglais pour les programmes transmis vers l'Angleterre, ayant commencé en 1936 à Fécamp dans les studios à l'arrière de la Bénédictine. Pendant les émissions en anglais, il y avait toujours un speaker français et c'est ainsi que j'ai bien connu MM. Bécasse, Briand, Nicolas et d'autres. A la fin des émissions anglaises à midi, nous nous rendions au Café Thiers sur la Place de ce nom (aujourd'hui Place du Général de Gaulle) pour ensuite déjeuner à l'Hôtel Canchy et Lion d'Or. Plus tard, j'habitais l'Hôtel de la Mer sur la plage à côté du casino.

 

Avec l'entrée en service de l'émetteur de Louvetot, tous les studios étaient transférés au château de Caudebec-en-Caux (actuellement la mairie). Les studios anglais se trouvant au fond du parc. Ces studios existaient longtemps après la guerre avant d'être démolis pour faire place au Musée de la Marine. J'habitais en face du bac d'alors avec une vue magnifique sur la Seine et le mascaret. J'ai regagné l'Angleterre vers la fin de 1939 après la déclaration de la guerre.

 

J'ai visité ces deux pays de ma jeunesse plusieurs fois après la guerre. Les deux monuments que j'ai tant appréciés, étaient toujours là - l'église et la Maison des Templiers. A l'occasion de ma dernière visite, j'ai rencontré un Monsieur Lecœur à Yvetot. Il avait amassé un grand matériel de postes de réception et bien d'autres appareils. Il m'a dit que quelques membres de la famille Le Grand venaient le voir de temps en temps.

 

J'irai revoir la Normandie... et bientôt !

David Newman

 

 

> Le 2 juin 2007

 

Hello David,

Merci infiniment pour votre message très intéressant. Je suis ravi de votre intérêt pour nos pages sur Radio Normandie et surtout très honoré de pouvoir correspondre avec un authentique speaker de cette grande station de radio.

Il y a quelques mois, j'avais eu un message de Monsieur Patrick Olivier, le neveu de Monsieur Roger Olivier qui était également speaker. Il était bilingue comme vous. Peut-être l'avez-vous connu ? Je n'ai malheureusement pas eu de nouvelles des personnes qui ont participé à cette grande aventure parmi le personnel français, si ce n'est un message de la petite fille de M. Rémi Picard qui était technicien à l'émetteur de Louvetot.

J'ai lu et relu avec beaucoup d'intérêt votre lettre et si j'osais, peut-être seriez-vous intéressé d'écrire un petit texte de souvenirs sur la façon dont se faisaient les programmes à cette époque. En France, nous avons très peu de témoignages écrits sur Radio Normandie. (...) Tout ce que j'ai trouvé comme photos, documents, a été édité sur le site. Bien sûr, il ne reste aucun enregistrement sonore car la guerre a tout détruit.

Merci de votre message, David et au plaisir de pouvoir vous lire une prochaine fois !

Bien cordialement de Normandie.

 

JC

 

 

 

> Le 4 juin 2007

 

Bonjour Jean-Claude,

 

Merci de votre message qui m'a fait grand plaisir. Je vais rédiger un texte que vous me demandez et vous l'enverrai sous peu. Je ne me souviens pas malheureusement de Patrick Olivier. Etait-il à Radio Normandie en même temps que moi ?

A bientôt

 

David

 

 

> Le 6 juin 2007

 

Bonjour David,

En fait, je me suis mal expliqué. Patrick Olivier dont j'avais reçu un message, était le neveu de Roger Olivier. C'est donc Roger qui était speaker à Radio Normandie. D'après son neveu (qui tient lui-même ces informations de sa tante), Roger parlait les deux langues et pouvait présenter aussi bien les émissions en anglais qu'en français. Il avait 25 ans en 1936. Hélas, je n'ai pas d'autres précisions sur la période où il a travaillé à la station.

Je vous ai recopié la liste des présentateurs britanniques que j'ai pu reconstituer d'après les journaux (cf la page "Ils ont participé"). Elle est incomplète mais je pense que ces noms vont vous rappeler de bons souvenirs ! Il va falloir que je rajoute le vôtre. J'ai vu qu'il y avait "Ian" et "Tom" Newman. C'était peut-être vous, avec un pseudonyme ? (...)

A bientôt


JC

 

 

 

> Le 12 juin 2007

 

Bonjour Jean-Claude,

 

Voici un bref exposé du fonctionnement des émissions en anglais depuis Radio Normandy.
D'abord il faut préciser que la plupart des programmes étaient enregistrés à Londres dans les studios de l'International Broadcasting Company. Puis il y avait des programmes de courte durée avec des annonces de publicité "spot" lues par nous-mêmes et enfin des programmes sans publicité qu'on appelait "sustainers", c'est-à-dire destinés à maintenir l'attention de l'auditeur, tout en essayant ou espérant vendre l'espace à un annonceur intéressé.

Les heures d'émission étaient de 8h du matin à midi et de 14h à 18h l'après-midi, avec à minuit, une dernière émission d'une heure et de deux heures, les samedi et dimanche.

Il y avait cependant quelques émissions "en direct" notamment celle de Paris lors de l'Exposition Universelle de 1937 qui avait lieu tous les jours et qui était retransmise à Fécamp (avec John Sullivan) ; un programme de culture physique avec deux artistes résidant à Fécamp, transmis trois fois par semaine de bonne heure le matin et une émission du Havre et Rouen (le jour de l'Armistice - le 11 novembre). A Caudebec, nous avions un duo de cowboys avec leurs chansons traditionnelles, accompagnés de guitare, et enfin un orchestre de musique populaire dans le parc du Château.

Les enregistrements que nous recevions [en provenance de Londres], étaient envoyés à Paris pour ensuite être expédiés à Fécamp.

En ce qui concerne les artistes et speakers dans votre liste intéressante [
page 13 du site
] la plupart me sont connus sinon de réputation ou de connaissance personnelle ; néanmoins ces artistes enregistraient leurs programmes dans les studios de l'IBC [à Londres]. Les speakers que je connaissais étaient des collègues tels que Sullivan, Plomley, Davies, Gee et d'autres. Il y avait pas mal de changements.

 

Le signataire de ce message est en effet Ian Newman ; Tom Newman et Roger Olivier me sont inconnus.

Pour terminer, le Président de notre organisation s'appelait le Capitaine Leonard Plugge dont la biographie (1) sortira cette année. C'était un homme assez extraordinaire.

Voilà. J'espère avoir fourni les informations que vous demandez.
Meilleurs sentiments !

David Newman
 

 

 Nous avons posé à David quelques questions supplémentaires :

> Le 13 juin 2007,

Bonjour David,

Un grand merci pour tous ces précieux renseignements sur Radio Normandy. En lisant votre dernier message, on constate qu'il y avait beaucoup d'émissions en anglais. Pendant les autres heures, on suppose que l'émetteur restait allumé pour les émissions en français ?
Les Français qui écoutaient les émissions en anglais ne comprenaient pas, bien sûr, mais appréciaient beaucoup la musique et les bons orchestres qui étaient diffusés. Les ondes pouvaient atteindre l'Angleterre et Londres en pleine journée et la nuit, la portée était accrue. C'est étonnant car la puissance n'était pas très importante par rapport à la puissance des émetteurs d'aujourd'hui.
A propos du Capitaine Plugge, j'ai lu en effet que c'était un grand personnage, un aventurier. C'est grâce à lui que tout a vraiment démarré. Je pense qu'il a encouragé Monsieur Le Grand à voir beaucoup plus loin avec son petit émetteur qui n'était qu'un hobby juste avant leur rencontre. J'ai hâte de lire sa biographie avec le livre de M. Keith Wallis (...)

JC




> Le 13 juin 2007

Bonjour encore Jean-Claude,

Je viens de recevoir votre message toujours intéressant. Je dois m'excuser du retard apporté à répondre au précédent dû à un problème technique.
Je vous enverrai d'autres nouvelles en cherchant dans ma mémoire si je peux les capturer !
J'ai reçu Keith Wallis chez moi il y a un mois. Il dispose de beaucoup de documents. J'ai demandé aux éditeurs de me faire savoir la date de publication et je vous tiendrai au courant.
Avec mes meilleurs sentiments.

David Newman

 

> Le 15 juin 2007

Jean-Claude

Je  reviens à votre dernier message reprendre quelques remarques au sujet des émissions de Radio Normandie. En effet, l'émetteur restait en marche en dehors des émissions en anglais et il y avait équivalence en heures entre les deux transmissions.
Au début à Fécamp, les programmes étaient captés dans le sud de l'Angleterre. Plus tard, avec l'entrée en service de Louvetot, la portée était devenue plus importante. A Londres, un département de statistiques s'occupait des recherches sur le nombre d'auditeurs suivant les programmes. Nous ne pouvions juger que selon le nombre de lettres reçues à la station.
Je vous ai parlé de Keith Wallis et sa biographie (sur le Captain Plugge) qui doit paraître cette année. Lui-même a connu (rencontré) tous ces personnages et nous avons rappelé des souvenirs intéressants de cette époque. Je vous tiendrai au courant de la date de publication de ce livre.
Est-ce que vous avez des copies du "Courrier Cauchois" du 23.08.1997, du 13.09.1997 et du 20 septembre également ? J'ai retrouvé ces pages parmi mes papiers sur Radio Normandie
(cf sur le site)
Cordialement

David Newman

 

JC : Oui je possède ces coupures de presse. On y aperçoit le bâtiment de Louvetot incendié et le pylône abattu dans l'herbage (...)


> Le 19 juin 2007 : QUESTIONS - REPONSES...


JC : J'avais entendu quelque part, que certains soirs, par temps clair, les ondes passaient si merveilleusement bien, on pouvait croire que la retransmission d'un spectacle enregistré en Angleterre avait lieu en "direct", alors que dans le studio, vous étiez seul à assurer la technique. A ce sujet, il y avait-il un technicien avec vous, pour vous assister ou alors faisiez-vous toute la technique vous-même ?
 


DN :
Nous avions effectivement un technicien anglais qui faisait partie du personnel.  Il était responsable des films et de leur projection tout comme au cinéma. Ces films étaient enregistrés aussi en Angleterre [seule la bande son était utilisée sur le film]. Nous l'aidions de temps en temps et faisions marcher les appareils. Nous-mêmes étions responsables du règlement des programmes lors de notre période de service - microphone, contrôle du volume, etc, lors d'une transmission.

 

JC : Quand l'émetteur de Louvetot a fermé le 8 septembre 1939 à cause de la guerre, on raconte que l'émetteur de Fécamp a repris quelques semaines sous le nom de Radio Internationale Fecamp avec l'IBC (International Broadcasting Company) mais sans Monsieur Le Grand. Les émissions ont été arrêtées en janvier 1940. Les troupes françaises ont saboté l'émetteur le 10 juin 1940, la veille de l'invasion des Allemands dans Fécamp. Aviez-vous participé comme speaker à ces émissions ?

 

DN : Pour ce qui concerne Radio Internationale, j'en ai parlé à Keith Wallis (1), car ces émissions (de courte durée) avaient eu lieu après mon départ de Caudebec. Seul Roy Plomley avait été le présentateur (...). Toute l'histoire sera révélée dans son livre !

 

JC : Comment les Français vous percevaient-ils en tant que britanniques pendant ces années et que disaient-ils quand ils découvraient que vous parliez à la radio chaque jour ? Comprenaient-ils le travail que vous réalisiez ?
Et vous-même, David, aviez-vous conscience de l'importance de votre travail. Car Luxembourg et Normandy étaient les premières radios commerciales britanniques. Pensiez-vous faire quelque chose d'illégal, la publicité étant interdite à la BBC, celle-ci vous considérait comme des pirates ?

 

DN : Il y avait tout un groupe de gens à Fécamp qui nous connaissaient de vue et qui savaient ce que nous faisions, car l'opération de Radio Normandie était très bien connue dans la ville et nous étions amis avec pas mal d'entre eux.
A cette époque-là, le fait de côtoyer des anglais en permanence était assez spécial pour les habitants mais on était toujours très bien considéré par tout le monde. Plus tard, nous étions mieux connus car la ville [Caudebec] était moins grande. On ne se sentait pas comme des pirates mais plutôt comme un peu des pionniers qui participaient à quelque chose d'innovant et unique ; évidemment, la nouveauté était un facteur important. Il faut dire que les voyages à l'étranger avant la dernière guerre pour les anglais représentaient une grande aventure. J'ai senti l'ouverture de grands horizons avec de nouvelles expériences et impressions, comme le départ et l'arrivée des terre-neuvas par exemple.
Et la Bénédictine ! Dommage que tout a été vendu et qu'il n'y a plus de Legrand lié à cette institution historique ! Je m'aperçois que je deviens lyrique et je m'arrête. Ne craignez pas de me questionner. Je tâcherai toujours de vous répondre.

David Newman

 

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(1) Keith Wallis dont David Newman fait mention dans son récit, est le biographe du Captain Leonard F. Plugge, l'homme qui a mis en place les émissions anglaises de Radio Normandie. Keith Wallis a connu tous les personnages évoqués ici même et se rappelle de nombreux souvenirs intéressants de cette époque qu'il a réunis dans un livre paru à ce jour. Les détails sur cet ouvrage sont disponibles sur notre site au chapitre "Publications". 


 

 

> Le 26 juin 2007,

Hello David,

(...) Les studios anglais étaient au fond du parc, cela voulait-il dire que les speakers anglais étaient séparés des français? Comment cela se passait avec les français, est-ce que les relations étaient cordiales ou bien chacun restait de son côté ? Je dis cela, car je suppose que les styles de présentation devaient être très différents entre les anglais et les français. Il suffit de comparer encore aujourd'hui la radio britannique et la radio française toujours très bavarde !!!  

A très bientôt David,
Jean-Claude

 



> Le 1er juillet 2007,

 

Bonjour Jean-Claude

 

Merci pour votre message du 26 juin. J'ai regardé le site avec grand intérêt et suis très flatté d'être le sujet de cette page si  bien rédigée. Il y a beaucoup à étudier dans toute la documentation que vous avez réunie et je vous en félicite.

 

En relisant mon exposé sur l'organisation des programmes anglais, je vois que je n'ai pas expliqué suffisamment la place que jouaient les speakers français avec nous. Voici la situation qui existait :

 

Parmi le matériel que nous recevions régulièrement de Londres figuraient des feuilles de futurs programmes contenant les titres, sujet, durée, etc. Nous devions traduire ces feuilles en français et les remettre au bureau de Radio Normandie. Lors des émissions en anglais le speaker français venait dans notre cabine pour faire la présentation suivant la feuille correspondant au programme. C'était la règle aussi bien à Fécamp qu'à Caudebec. On était en très bons termes avec tout le monde et nous avions souvent un repas ou un apéritif avec l'un ou l'autre des speakers suivant leur période de relâche.

 

Pour vous dire ce que je suis devenu, d'abord je suis parti de Caudebec vers la fin du mois de septembre 1939. (Une image qui m'est toujours restée est celle des agriculteurs amenant leurs chevaux sur le quai le jour de la déclaration de guerre)
Je me suis engagé dans la Marine de Guerre. Ayant servi en Méditerranée, j'étais muté en Angleterre après la perte de notre bâtiment et incorporé aux vedettes lance-torpilles à Douvres. Après ma démobilisation je suis rentré en contact avec la BBC pour la radio et télévision mais je n'ai pas poursuivi cette voie préférant une situation qui m'offrait l'occasion de travailler dans les pays étrangers.

 

En annexe à tout ceci si cela peut vous intéresser voici quelques notes sur certains membres du personnel de l'IBC :

 

- John Sullivan a travaillé pour le service d'outre-mer de la BBC.
- Roy Plomley est devenu célèbre pour avoir réalisé et présenté son programme "Desert Island Discs" pendant 25/30 ans. Le programme existe toujours avec un autre présentateur.
- Tom Ronald est entré à la BBC également comme réalisateur de programmes de variétés.
- Bob Danvers Walker commentait les Actualités Pathé et d'autres programmes.
- Notre technicien et sa femme furent internés à La Bourboule. (déportés ?)
- Richard Meyer, Directeur-Général de l'IBC, a, paraît-il, essayé de monter une station commerciale dans l'île de Man, sans succès. (Note du webmaster : la station dont David parle est "Manx Radio" dont la portée était (est ?) réduite aux limites de l'île de Man)
- George Busby, notre Directeur à Fécamp et Caudebec, a produit des films dont "The Red Shoes".

 

Des autres collègues, pas de nouvelles, peut-être plus tard si possible !

 

Cordialement,

 

David Newman


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Le présentateur Roy Plomley pendant l'enregistrement d'une émission.
Roy Plomley during a recording of a broadcast for Radio Normandy

 

 

> Le 2 octobre 2007,

 

Bonjour Jean-Claude,

 

(...) Je suis en train de rechercher la biographie de deux de mes collègues de Radio Normandie - Howard Gee et Robert Fellowes. Gee a été pris par les Allemands en Norvège, interné en Allemagne comme civil pour être finalement transféré à la fameuse prison de Colditz où il était un des deux prisonniers civils dans cette forteresse. Il est mort en 1979.

Merci pour "ma" page que vous avez ajoutée au site de Radio Normandie. Je la regarde de temps en temps avec une certaine nostalgie !

J'attends toujours la sortie du livre sur le Capitaine Plugge et je ne manquerai pas de vous communiquer la date dès qu'il paraîtra.

Cordialement

 

David

 

 

> Le 21 février 2008,

Hello David,

Avez-vous opéré depuis le studio dont on voit la photo couleur dans le château de Caudebec ou bien celui-ci n'était-il destiné qu'aux émissions françaises uniquement, car je crois que vous aviez un autre studio dans une annexe au fond du parc ? 

 

DN : A Caudebec, nous avions nos propres studios qui se trouvaient au fond du parc du château. Ils occupaient l'emplacement actuel du Musée de la Marine que l'on voit dans la vue aérienne du château de votre site. Au cours de ma dernière visite j'ai parlé avec le personnel de la réception du Musée qui connaissait l'histoire de Radio Normandie et des studios. J'ai rencontré d'autres personnes en ville qui étaient bien au courant de la station et des activités du poste. Parmi eux Monsieur Lalande (fils du propriétaire du bel Hôtel de la Marine) avec qui on a échangé des souvenirs de Monsieur Le Grand.
Celui-ci visitait les studios de temps en temps. Il se promenait le soir avec ses filles et nous nous rencontrions sur le quai. Il y avait une petite foire de temps à autre ce qui ajoutait à la gaîté de l'endroit.

Comme j'habitais sur le quai en face du bac j'étais au centre de tout.


L'Hôtel de la Marine à Caudebec-en-Caux
 

JC : Avez-vous quelques souvenirs personnels sur les Français comme M. Roland Violette ou Mme Francine Lemaitre qui étaient des personnages importants. J'ai cru comprendre que cette dame était pratiquement considérée comme la directrice de la radio ? 

 

DN : Francine Lemaître était bien responsable des programmes français et je pense qu'elle a pris la direction après M. Legrand. J'ai bien connu les speakers français mais moins après le départ pour Caudebec sans doute voulaient-ils garder et résider dans leurs maisons ou appartements à Fécamp. Mon meilleur ami là était André Bécasse.  Quand il était de service avec moi pour l'émission de minuit à 2h en hiver une fois terminé le travail nous nous rendions au Café Thiers ou Madame Cauvin nous servait du vin chaud. Mon ami habitait avec sa mère à Veules-les-Roses. Il a épousé une des secrétaires françaises qui travaillait au rez-de-chaussée dans notre bâtiment, peu de temps avant notre transfert à Caudebec.
 


JC : Encore une fois David, je vous remercie sincèrement pour le temps que vous voulez bien consacrer à mes questions et j'espère que ça ne vous ennuie pas.

 

DN : Vos questions ne m'ennuient nullement car les années passées à Radio Normandie me sont restées très claires et nettes et j'y pense souvent. Ainsi n'hésitez pas à me demander d'autres informations quand vous voudrez.

 

JC : Quand vous parlez du Café Thiers, c'est bien à Fécamp que vous pensez ? et pas à Caudebec ?

 

DN : Oui, j'aurais dû préciser qu'il s'agissait de Fécamp et que le Café Thiers se trouvait sur la Place Thiers (Place du Général de Gaulle maintenant et au coin de la route du Havre (aujourd'hui rue Charles Le Borgne).

 

JC : Sinon quand vous faisiez les émissions à Fécamp, cela se passait à quel endroit précis. Etait-ce dans la "Maison de la Radio" au coin de la rue Georges Cuvier et la rue de Boulogne, (la rue qui montait vers les antennes). Car Mr Les Woodland (article ici) a dit que les émissions anglaises étaient réalisées dans un grenier au-dessus d'un entrepôt de la Bénédictine. Les entrepôts sont situés un peu plus en amont dans la rue G. Cuvier.
 


DN : Nos studios se trouvaient en effet rue Georges Cuvier, presqu'en face de la rue de Boulogne. Dans le site de Radio Normandie, vous verrez deux photos du local, l'une avec une camionnette devant et en-dessous, une vue sans la camionnette : cette dernière photo montre une partie du bâtiment qui est moderne avec trois fenêtres et rideaux. Mais l'entrée est d'origine. Il y a une autre photo avec deux dames qui regardent en haut (pour voir où nous travaillions à l'époque?). La porte d'entrée ne semble pas avoir changé.

 

       Le car rue Georges Cuvier

          Les studios français et derrière le photographe, de l'autre côté de la rue Georges Cuvier, les studios anglais. Qu'est devenu le camion ?



JC : Comment se déroulait une émission ? Je suppose qu'il fallait passer les disques enregistrés dans l'ordre précis.



DN : Nos émissions nocturnes se faisaient tous les jours de minuit à 1 heure de matin sauf les samedis et dimanches jusqu'à 2 h. Revenant aux programmes de nuit. On travaillait seul. Il fallait arriver bien avant l'émission pour mettre tout en marche, vérifier le matériel et s'assurer qu'il y avait les disques pour les programmes. Ensuite laisser entrer le speaker français ! Pour les émissions de nuit (comme pour tous les programmes) il y avait toujours un speaker français mais il n'avait pas beaucoup à faire.

 

JC : Etait-il là pour vous surveiller car vous étiez très jeune devant un micro ? Quel était son rôle ? S'agissait-il d'un règlement interne pour contrôler les émissions en anglais ?

 

Au sujet des  speakers français. je ne crois pas avoir entendu quoi que ce soit sur une idée de surveillance : je pense plutôt que c'était une question purement de routine. D'ailleurs nous étions tous contents d'avoir un compagnon pendant ces émissions au petit matin et moi-même je profitais pour perfectionner mon français ! Celui qui avait été de service la veille reprenait le travail le lendemain après-midi.
 


JC : Quand vous aviez terminé à 2 h 00, est-ce que l'émetteur était coupé ou bien c'étaient les émissions en français qui prenaient la suite ?
 


DN : L'émetteur terminait son émission par la suite.

 

JC : Peut-on comparer votre travail de cette époque avec celui d'un DJ (animateur) aujourd'hui, c'est-à-dire présenter les chansons (sur disques) et les publicités. Je pense que ça n'était pas facile, il devait y avoir beaucoup de manutention car il n'y avait pas les moyens techniques de maintenant (les cartouches de bandes enregistrées - les cassettes et l'ordinateur qui gère tout cela désormais !!!).

 

DN : Chaque programme comportait une liste des disques à jouer, accompagnée des documents qu'il fallait signer. Le speaker de service était responsable pour son service.  Je me souviens qu'il fallait également indiquer sur les fiches, la référence à une organisation de droits de reproduction « B>I>E>M » et on trouvait cet acronyme sur l'étiquette du disque. Toutes ces fiches étaient expédiées à Londres aussitôt.

 

JC : Et deviez-vous parler souvent entre chaque disque ?

 

DN : Nous n'étions pas du tout comme les DJs modernes. On se bornait à quelques remarques avant de jouer un disque et c'était tout. D'ailleurs on était tenu par la durée du programme. Nous présentions une série de disques avec quelquefois des annonces de publicité lues par nous également.

 

JC : Vous rappelez-vous d'une phrase que vous deviez prononcer devant le micro ?



DN : Les speakers anglais n'avaient pas de phrases personnelles. On annonçait seulement "Radio Normandy"

 

JC : Quand vous parliez devant le micro, aviez-vous le trac car vous étiez conscient qu'il y avait peut-être des milliers (ou des millions) d'auditeurs qui vous écoutaient.
 


DN : Je dois dire que je n'avais le trac qu'au début de ma première émission, mais on était toujours deux speakers dans les studios et on pouvait se relever de temps en temps.

 

JC : Combien de temps durait un disque avant de passer au suivant ?

 

DN : La plupart des programmes duraient 15 minutes.

 

JC : Quand on regarde la photo d'un studio (le studio "rouge"), on voit deux grands carillons posés de chaque côté du panneau de commande, à quoi servaient-ils ? 



DN : Je ne connaissais pas le studio rouge. C'est possible qu'une des pendules servait à donner l'heure et l'autre pour indiquer la durée d'un programme mais je ne me souviens pas d'avoir entendu parler de ces carillons. Pour signaler l'intervalle entre les programmes nous nous servions d'un petit xylophone avec son marteau. (celui qu'on entend sur la page d'accueil !) 

studio rouge  Le studio rouge

 

JC : Pour les autres émissions anglaises de la journée, il y avait-il une autre équipe, car vous ne pouviez pas également vous occuper de la tranche du matin ?

 

DN : J'avais oublié de vous dire avant qu'il y avait un programme en anglais de culture physique, deux ou trois fois par semaine, réalisé par un couple anglais qui écrivait la musique et les chansons d'accompagnement. Emission en direct à partir de 7.30 le matin utilisant le grand studio français. 

J'espère vous avoir donné les renseignements que vous avez demandés et vous dis à bientôt!

Cordialement       

David



 

> Le 29 mai 2008,

 

Bonjour Jean-Claude,

Je lisais le texte de la transcription du programme "The Archive Hour" transmis par la BBC la semaine dernière et je trouve que votre ami M. Cousin a fait un excellent travail
(cf transcription via la page 1 du site). Il y avait certaines phrases et mots qui étaient difficiles à comprendre lorsque un ou deux interlocuteurs parlaient et je me suis demandé si l'envoi du texte complet vous intéresserait. Si je peux l'obtenir, je trouverai un moyen de vous l'expédier.
(...)
Bien cordialement

David

 

 

> Le 8 juin 2008,

 

Bonjour Jean-Claude,

 

J'ai été en communication avec Sean Street, l'auteur du programme "The Archive Hour" ainsi que Julian May, le réalisateur. Tous les deux m'ont dit qu'il n'y avait pas de texte. Le premier m'explique qu'il utilise des passages-clefs, qu'il intervient après les déclarations de ceux qui participent au programme faisant ses commentaires etc "adhoc". Bien sûr, il aura tout préparé à l'avance. Julian May me dit due dans le passé tout était gardé mais maintenant seulement sur ordinateur sans le texte complet. (...)

 

 

 

> Le 17 juin 2008

 

Bonjour Jean-Claude,

 

Sean Street est content de savoir que son émission va figurer sur votre site et je ne pense pas qu'il y ait d'objection de qui que ce soit. (voir Extraits sonores en anglais)

 

 

 

> Le 21 juin 2008,

 

Bonjour David,

 

A l'écoute de "The Archive Hour" à laquelle vous participiez, j'ai prêté une attention particulière à ce que vous avez déclaré, notamment lorsque vous décrivez votre joie à faire ce métier, d'être assis devant le micro, de parler sachant qu'il y a des gens qui vous écoutent de l'autre côté et surtout des gens qui vous connaissent. Vous dites c'est merveilleux... En tant qu'ancien bénévole d'une radio locale, je ne peux qu'être du même avis, si je peux oser la comparaison !

 

 

Au cours des courriers suivants, David Newman a bien voulu reprendre le texte que nous avions transcrit de l'enregistrement "The Archive Hour" et a accepté de corriger nos erreurs de compréhension et les fautes d'anglais que nous avions laissées échapper. Ce texte corrigé est ICI. Un travail dantesque car même David a reconnu qu'il y avait eu au cours de l'émission certaines phrases des intervenants qu'il n'avait pas saisies lui-même. Alors, nous pauvres français...

 

 

 

> Le 23 décembre 2008,

 

Bonjour Jean-Claude,

 

Merci pour votre dernier message. Nous n'avions pas été en communication depuis longtemps, il me semble. Rien à signaler de mon côté. Je crois que les extraits du magazine allemand (Sounds Rolling Stone nr 2 / 2008 avec un article " Die Geschichte von Radio Normandy : Ein Käpt'n wird Pirat, adressé auparavant à David) seront intéressants non seulement pour moi mais également pour Keith Wallis qui sera content d'apprendre que son livre se vend toujours.

Je vous remercie de vos gentils vœux et je vous souhaite un Joyeux Noël ainsi qu'une très bonne année - 2009.

 

Bien cordialement

 

David