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 CAUDEBEC-EN-CAUX  &  EPONE-MEZIERES 

Le château de Caudebec-en-Caux, 
les
nouveaux studios de Radio Normandie

Le portail d'entrée des studios principaux de Radio Normandie à Caudebec-en-Caux,
au bord de la Seine. Ceux-ci ont été utilisés très peu de temps, du 12 décembre 1938 au 7 septembre 1939.
 

Remarquez le gardien en uniforme et képi, posté près de la grille qui pourrait être vraisemblablement Monsieur Malandain. 

D'ici part le câble coaxial souterrain alimentant l'émetteur de Louvetot, situé à 6 kilomètres plus au Nord. Le câble traverse la Forêt de Maulévrier et contient plusieurs lignes téléphoniques.

A l'entrée de la propriété, on trouve un salon d'accueil pour les nombreux visiteurs et artistes de passage et un bar-restaurant.




Au premier étage et une partie du second, ce sont les bureaux administratifs, une discothèque et les studios pour les émissions françaises.

Le dernier étage est réservé aux appartements du personnel technique et les speakers.

Avant d'accueillir Radio Normandie, la propriété abritait un hôtel :
l'Hôtel du Château de Caudebec-en-Caux. Voici quelques cartes postales d'époque. Les 5 premières datent du début du 20è siècle.


 


chateau caudebec

Le calme du parc avant-guerre, idéal pour réaliser des émissions de radio...

studio vert caudebec

 Au premier étage, le studio pour les émissions françaises.

Les émissions anglaises étaient réalisées depuis un autre studio situé dans un local au fond du parc,
à l'endroit précis où se trouve aujourd'hui le Musée de la Marine





Enregistrement ou retransmission en direct (?) d'une émission française. Oncle Roland est à la technique !
.

bureau caudebec

 En 1938, voici le "salon doré", le salon de réception du rez-de-chaussée
 
(photo couleur tirée de la brochure d'inauguration de Radio Normandie en 1938)
 


72 ans plus tard : le salon est devenu le bureau de Monsieur le Maire de Caudebec-en-Caux.
Si le parquet est toujours le même, seul le mobilier a changé.
Quant à l'écran plat sur le bureau... pas de doute, nous sommes bien en 2010 !





L'Hôtel de Ville de Caudebec-en-Caux (2010)

mascaret caudebec

Jusque dans les années '60, un phénomène naturel
se produisait au pied du château. Le célèbre mascaret
sur la Seine attirait beaucoup de curieux, parfois imprudents

 L'envers du décor dévoile l'arrière du château et le parc en bord de Seine

Au fond du parc de nos jours, le Musée de la Marine de Caudebec.

En 1938 et 1939, dans un bâtiment annexe, se tenaient les studios destinés aux émissions en langue anglaise. Pas de photos hélas.

Seules les émissions françaises étaient réalisées depuis le château.

L'antenne de Radio Normandie à Louvetot (6 km au nord de Caudebec sur le plateau) a diffusé alternativement durant quelques mois, les émissions réalisées ici tout au long de la journée et de la nuit dans les deux langues.

La guerre a mis fin au rêve radiophonique...

Ci-dessous, deux vues aériennes récentes de Caudebec-en-Caux et du "Château" au bord de la Seine. Avec l'évolution du temps, le parc semble s'être considérablement rapetissé. La route qui suit la Seine vers la gauche, conduit vers Villequier à quelques kilomètres où Victor Hugo a vécu.


Photos aériennes "Paris-Normandie"

< Pour finir, encore un détail de l'entrée principale.
   A noter le balcon et la barre d'appui en fer forgé.
            
(c) photo A. Neury (1955)




Difficile d'imaginer que tant de personnalités anglaises et françaises, artistes, chanteurs,
musiciens célèbres d'avant-guerre ont séjourné en ces lieux...

 


Epone
(près de Mantes) :
une "Radio Normandie" (bis) ou un nouveau concurrent ?
 



Le Château d'Epone-Mézières (près de Mantes)

 

A propos du château d'Epone...

Extrait du livre de René Duval "Histoire de la Radio" (Eds Moreau)


(...) Max Brusset,
(membre du conseil d'administration des Emissions Radio Normandie) (cf commentaires page 13] ambitieux et retors, qui n’a pas de fonds personnels mais qui a l’art d’inspirer confiance, a déjà  mis sur pied une combinaison visant à  installer un poste commercial à Monaco. Ayant essuyé un premier échec, il va, à  l’insu de Fernand Le Grand, s’aboucher avec M. G. Shanks, administrateur de l’International Broadcasting Company et camérier secret de Sa Sainteté le Pape ( !), pour tenter de racheter un poste existant, le transférer dans la Somme, dans le Nord ou bien l’Eure et en faire un nouveau périphérique anglais. L’entente ainsi constituée dispose, avec divers bailleurs de fonds, d’une somme de 10 millions pour mettre sur pied l’opération. Brusset fait des approches auprès de Radio Agen, mais celui-ci est dans la mouvance du groupe Trémoulet et constitue donc une chasse gardée. Max Brusset crée alors en 1937 la Société informations et transmissions (S.I.T.), dont le siège social est à son domicile personnel, 28, boulevard Raspail, à  Paris. En tant qu’administrateur-délégué de cette société, il va acheter une part importante des actions de Radio-Méditerranée et s’entendre avec son directeur-général Pierre de Présalé, pour transférer la station dans le Nord, ainsi qu’en fait foi une lettre du 23 novembre 1937 où Brusset écrit notamment :

( ... ) Nous vous proposons donc, comme futurs actionnaires, un accord aux conditions suivantes :

1° Nous demandons d’avoir au conseil d’administration une représentation proportionnelle au nombre d’actions possédées par chacun de nos groupes, 3 places sur 7 administrateurs.                                                                                                                                                                                                        (photo : Max Brusset)

2° La politique commerciale et la direction du poste seraient assurés en commun avec vous et aucune décision importante ne serait prise avant l’accord des deux groupes.

3° Vous nous donneriez I’accord formel de la société, pour entreprendre toutes démarches en vue du transfert du poste au cas où nous pourrions l’obtenir, ceci dans un but d’amélioration commerciale du poste...

Quand Fernand Le Grand de Radio Normandie apprend les manœuvres de son délégué parisien, il crie à la trahison et le limoge aussitôt. Brusset, se réservant de lui faire payer cette rupture, active les choses. Il a trouvé un site favorable pour installer le grand poste commercial dont il rêve avec ses amis anglais : le château d’Epone-Mézières en Seine-et-Oise. Une Société du Château d’Epône est aussitôt constituée pour l’acheter. En sous-main, Brusset se procure encore 3 600 actions de Radio-Méditerranée, en décembre 1938, grâce à  une avance que lui fait I.B.C. de quelque 3 millions de francs [PV de la réunion du conseil d’administration de la S.I.T. du 26 décembre 1938 (Greffe du tribunal de commerce de la Seine) et lettre de l’I.B.C. du 26 juillet 1939 rappelant sa créance remboursable soit en francs, soit en actions de Radio Méditerranée]. Il contrôle ainsi la majorité du capital de cette société. Les projets de Max Brusset semblent donc en très bonne voie, d’autant que depuis le mois d’avril 1938, avec le retour de Georges Mandel aux affaires (au ministère des colonies), cet habile manœuvrier est devenu son chef-adjoint de cabinet, position utile à  ses desseins. Mais les événements politiques se précipitent en Europe, et vont donner à  Brusset l’occasion de faire coup-double: monter le nouvel émetteur qu’il souhaite et faire payer à Fernand Le Grand son éviction de Radio Normandie Cinq jours après la déclaration de guerre, le 8 septembre 1939, Radio Normandie, seul parmi les 12 postes privés français, est réquisitionné pour les besoins de la défense nationale. La S.I.T., pour compte de la Société du Château d’Epône, rachète I’émetteur de Fécamp inutilisé depuis la mise en route de celui de Louvetot, quelques mois plus tôt. Fernand Le Grand rend, bien sûr, responsable Max Brusset de la réquisition de son poste. Il le dit avec véhémence, au cours d’une réunion de la fédération des postes privés, le 12 septembre 1939, où Max Brusset jure ses grands dieux qu’il n’a jamais fait aucune démarche directe ou indirecte pour demander ou faire hâter cette réquisition, qu’il n’a connue personnellement que lorsqu’elle a été effective et officielle, et à laquelle il était et reste opposé catégoriquement 72. L’ennui, c’est qu’une lettre du 19 décembre 1939, adressée par M. Shanks de l’International Broadcasting Company à Max Brusset, semble prouver que toute l’opération était bien préméditée si l’on en juge par cet extrait : ... La convention qui vient d’être échangée entre la société I.B.C. que je représente, et vous-même, pour la mise en marche du poste de Fécamp, dont la société S.I.T. est propriétaire, a besoin d’être précisée sous forme d’une lettre-accord en ce qui concerne vos intérêts. (...) Il va de soi que si, après les hostilités, les démissions du poste de Fécamp étaient maintenues et si elles avaient comme les autres postes privés, un caractère commercial, un nouvel arrangement spécial interviendrait entre nous, les accords présents constituant un minimum de départ. Comme le moment est mal choisi pour lancer une station publicitaire, l’émetteur de Fécamp de Max Brusset va servir, sous I’égide du commissariat général à  l’information (Jean Giraudoux), du ministère des affaires étrangères (l’ambassadeur Fouques du Parc), et de la commission des affaires étrangères de la chambre (Jean Mistler) la propagande française en langue étrangère. Mais c’est la S.I.T qui effectue toutes les démarches et qui paie, notamment, l’abonnement au service des dépêches de l’agence Havas. Les émissions en tchèque sont dirigées par MM. Mazarick et Osusky, celles en autrichien le sont par S.A. l’archiduc Otto de Habsbourg. Les archives ne permettent pas de déterminer le nom du rédacteur en chef des émissions polonaises. Le deuxième acte de la pièce imaginée par Max Brusset - et dont il modifie l’intrigue au fur et à mesure des événements - consiste à  faire transférer, pour raisons techniques de sécurité militaire, l’émetteur de 10 kW de Fécamp à Epône. La puissance en sera considérablement augmentée par I’adjonction de matériel Thomson-Houston spécialement commandé et le titre de la station: Radio-International-Fécamp sera changé pour celui de Radio-International-Epône. Là, les dirigeants de la fédération des postes privés commencent à se poser sérieusement des questions. Pour les calmer, Max Brusset écrit une longue lettre, le 9 mars 1940, à Jacques Trémoulet, vice-président de la fédération où il interdit à quiconque de mettre en doute sa parole et où il précise : L’installation du poste à Epône, dans la région parisienne, s’effectuera en accord et d’ordre du gouvernement dans un but d’intérêt général et de propagande française qu’il n’appartient à personne de discuter, et dont la réalisation ne saurait être attaquée. Ce poste n’émettra à aucun moment en langue française et ne fera aucune publicité commerciale française. Il est destiné uniquement il des émissions en langues étrangères, sous le contrôle du ministère des affaires étrangères et du commissariat général à l’information, à la disposition duquel il a été mis. Très astucieusement, Max Brusset ne parle que de publicité française... il ne ment pas une seconde puisque si l’émetteur peut devenir commercial après les hostilités, il sera destiné à la publicité anglaise. Mais l’arrivée des Allemands, en juin 1940, sonne le glas de ces belles espérances. Ils termineront les installations d’Epône pour en faire Radio-Calais émettant vers I’Angleterre. Quant à l’émetteur de Louvetot de Radio Normandie, il passe dans le giron de la Propaganda Abteilung et fera partie, après augmentation de sa puissance à 60 kilowatts (?) de la chaîne Radio-Paris. (...)

       


Caricatures de 1938 : au centre MM. Leonard Plugge et Fernand Le Grand, à g. Max Brusset (lunettes) administrateur Société des Emissions Radio-Normandie et Georges Shanks (IBC) à dr. avec le porte-cigarette.
(ph. tirée du livre "And The World Listened" de Keith Wallis - cf "Publications")


      

Georges Shanks (administrateur de l'IBC) et Leonard Plugge (directeur)
.

Après la débâcle de 1940, Épône est occupée, comme le reste des Yvelines, dès le 13 juin 1940. Les Allemands s'emparent de l'émetteur privé qui venait d'être installé dans le château par Radio-Normandie, pour diffuser leur propagande vers la Grande-Bretagne. Le maire, René Dreyfus, de confession israélite est destitué et s'éclipse.

En 1944 les bombardements alliés détruisent la gare et les ponts sur la Seine. Le 18 août, les Allemands font exploser le château, et le poste émetteur de radio. Il n'en reste plus que les communs, qui seront convertis plus tard en centre culturel. Le lendemain la commune est libérée par les premiers éléments de la 79e division d'infanterie de l'armée américaine