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Comment une ville comme Le Havre a-t-elle vécu l'arrivée de la "Téléphonie Sans Fil" dans les années '20... et plus particulièrement celle de Radio Normandie ?

>>  Extrait du document transmis par Jacques Cousin à consulter ici >>    Les débuts de la radio au Havre



Le Havre au début du XXe siècle
et le Bassin du Commerce

En 1928, «Radio-Fécamp» augmente sa puissance, la hauteur de l'antenne passe de cinquante à cent mètres, il peut être reçu dans toute la Haute­Normandie et donc au Havre. Le 18 février 1929, l'émetteur prend le nom de «Radio-Normandie». Pour soutenir l’œuvre de son émetteur, M. Le Grand organise un réseau de Radio-Clubs, l'Association des Auditeurs de «Radio-Normandie», qui comptera jusqu'à trente-deux mille membres.
Au Havre, une section de l'association est fondée par
Albert Liégard en 1930. Son rôle est de défendre les auditeurs contre les perturbations qui peuvent gêner la réception. Mais surtout, la section havraise ouvre un auditorium à l'«Hôtel Frascati», près de l'entrée du port, directement relié à l'émetteur de Fécamp. Dès août 1930, un concert organisé avec des artistes havrais est diffusé chaque vendredi soir. L'Association des Auditeurs de «Radio-Normandie» a beaucoup de succès, de 250 membres à sa création, elle passe à plus de mille en 1934.

L'auditorium "Radio Normandie" dans l'Hôtel Frascati au Havre



L'Hôtel Frascati - Le Havre





 

RADIO NORMANDIE : STATION ETRANGERE ?
L'existence d'une station de radio "indépendante" suscite déjà à l'époque, une controverse chez ses opposants. Pourtant l'impact des émissions internationales diffusées par Radio Normandie est énorme et reste gravé dans quelques mémoires.

Article paru dans "La parole libre - TSF" du 9 octobre 1932 
(doc. transmis par Thierry Vignaud) :




































 



A propos de la construction de 2 pylônes à Fécamp en mars 1933 et de l'augmentation de la puissance apparente d'émission qui en découle, le journal "Le Haut Parleur" mène la danse en écrivant :

"La construction à Fécamp de nouveaux pylônes pour Radio Normandie a fait naître une émotion considérable dans les milieux sans-filistes normands [les auditeurs et radio-amateurs]. Avec un zèle de bénédictin (jeu de mots ?), le directeur du poste s'efforce de convaincre les auditeurs de ce que la puissance ne sera pas augmentée. Mais il se garde de spécifier le nombre de kilowatts actuellement employés. Reconnaître les 16 kilowatts qu'il imprime sur ses prospectus [les tarifs de publicités de la station pour l'Angleterre]
, c'est avouer la fraude envers l'Etat. Déclarer une puissance inférieure, c'est avouer la fraude envers les clients de la publicité. Et M. Le Grand ne peut rien répondre aux sans-filistes protestataires de la région qui se plaignent de ce que Radio Normandie les empêche d'entendre d'autres stations".

 

Dans sa colonne d'échos du 21 mai 1933, le Haut Parleur est encore plus fielleux :


"Marcel Pellenc, inspecteur chargé de la radiodiffusion au ministère des PTT, travaille beaucoup. On dit au ministère : "C'est le bénédictin. Quand il a bien travaillé pour interdire la mise en fonctionnement du poste de Saint-Agnan (Radio Toulouse), il se repose en fermant les yeux sur l'augmentation de puissance de Radio Normandie. On dit au ministre : C'est la Bénédictine".

Et comme, même dans la région normande, l'autoritarisme impérial de Fernand Le Grand lui vaut quelques ennemis, la convergence des attaques aboutit. Le jeudi 6 juillet 1933, les PTT suppriment brutalement les lignes destinées aux liaisons avec les studios décentralisés des sections d'auditeurs. En août 1933, le journal "France-Radio" rapporte la teneur du message de M. Le Grand envoyé aux associations d'auditeurs :

"...L'administration des PTT a notifié à la Société des Emissions Radio Normandie que, dorénavant, on ne lui louera plus les lignes et qu'il ne pourra plus
être possible de diffuser les concerts organisés dans les villes de la région. D'autre part, précise le communiqué, le service de la radiodiffusion a enjoint Radio Normandie de revenir à la puissance de 700 watts sous laquelle Radio Fécamp avait été autorisée à fonctionner..."

Les responsables des sections s'organisent, signent des pétitions, font pression sur les élus. Les conseils généraux soutiennent la station. En janvier 1934, grâce à l'action de plusieurs personnalités politiques influentes, et l'acceptation de Radio Normandie à se conformer à la Convention européenne de Lucerne, le ministère consent à rendre les lignes téléphoniques indispensables. Radio Normandie est sauvée !
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