Le tout premier
émetteur
de 20 W
"En 1926, l'émetteur 8 IC fonctionne une bonne partie de l'hiver en
téléphonie avec quelques watts seulement. En télégraphie, il est
entendu dans toute l'Europe et jusqu'en Amérique à Washington. Le
18/11/26, 8 IC abandonne son caractère de poste particulier et prend le
nom de "Radio Fécamp". Avec les ressources du Club, venant
s'ajouter aux sommes offertes par Fernand Le Grand, de nouveaux
changements sont apportés et la puissance poussée à 50 watts en phonie.
Les artistes régionaux prêtent très aimablement leur concours et
rivalisent de talent pour donner aux émissions de Radio Fécamp un
intérêt véritable. Les techniciens amateurs, parmi lesquels René
Legros, vice-président et son fils Pierre, perfectionnent la modulation
et en 1927, les résultats dépassent toutes les espérances, Radio
Fécamp est parfaitement entendue non seulement à Fécamp et dans la
région, mais au Havre et à Dieppe. Les émissions ont lieu le samedi de
20h30 à 22h (le jeudi à partir de février 1928). Les frais d'émission
devenant de plus en plus lourds, le Radio Club ne peut faire face à ses
dépenses avec les cotisations de ses sociétaires : un appel à la
publicité est donc décidé."
(Journal de Fécamp 12/28)
L'alimentation au sous-sol
de la villa
Les premières années
de la
station
* 1923 :
création d'un radio-club à Fécamp
* 1925 : premières
émissions d'EF8IC
du RC de Fécamp
* 17 novembre 1926 :
appelé
Radio Fécamp,
essais de modulation avec lecture des infos
locales
(puissance 50 W)
* 1927 :
premières
émissions musicales
avec chanteurs accompagnés au piano.
* 1928 :
la publicité
apparaît.
* 18 février 1929 :
la
radio est reconnue par
décret et prend pendant l'été 1929 le nom
de
Radio Normandie.
* Mars 1930 : quatre jours d'émission par
semaine : lundi mercredi,
jeudi,
vendredi. Autorisation d'utiliser les lignes PTT.
* Septembre 1930 : ouverture d'un auditorium
au Havre dans les salons de
l'Hôtel Frascati.
* Juin 1931 : deux émissions quotidiennes :
l'une à midi commençant par
le carillon
de la Bénédictine et la sirène de cette
usine annonçant la
fin du travail, l'autre
le soir à partir de 20 h.
* 26 juin 1931 : inauguration à Rouen
d'un auditorium (Hôtel de Ville).
* Février 1932 : la hauteur des mâts est
augmentée à 50 m et le 1er
février,
Henri de France, savant havrais expérimente
ses premières
émissions de télévision via
l'émetteur de Radio Normandie (cf
ci-dessous).
* Juin 1932 : accord avec le service de
publicité du Journal de Fécamp
autorisant
la station à reprendre les annonces sur l'antenne.
A suivre...
1er février 1932, les
émissions d'essai de télévision sont effectués depuis l'émetteur de
Radio Normandie à Fécamp...
L'inventeur M. Henri de France derrière sa camera de télévision
Les premières images de
télévision transmises par l'émetteur de Radio Normandie (première station
française de télévision) sont reçues au
Havre (30 km)
le 1er février 1932 grâce à Henri de France, inventeur havrais, futur inventeur du
fameux procédé SECAM de télévision en couleurs. Les essais ont lieu rue Georges Cuvier à Fécamp deux fois par semaine mais il y a peu de
téléspectateurs.
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L'envers du décor
d'EF81C
.
En 1928, un décret fixe le statut
de la radio. L'Etat crée son propre réseau d'émetteurs publics, les
postes privés sont maintenus et soumis à autorisation. Il faut attendre
1929 pour qu'un décret gouvernemental reconnaisse officiellement les
droits de l'émetteur de Fécamp et le mettent au rang des 12 stations
privées françaises qui existent déjà. Devenue Radio Normandie, elle diffuse tous les
jeudis soirs un programme complet : informations régionales, concerts,
accompagnés de quelques messages publicitaires. Le récepteur prend sa place au milieu de la famille. En
1931, les programmes démarrent avec le
carillon de la Bénédictine. On découvre le jazz retransmis du Casino de
Fécamp, le théâtre à la Salle Pleyel de Paris en direct et
aussi les sports (boxe au Havre, football à Rouen). Les
événements régionaux sont commentés grâce au service d'informations
mis en place en 1933.
Les deux mâts de trente
mètres et la cabane provisoire de l'émetteur sur la falaise ouest en 1929
"En juillet 1928, les
présidents de sept radios clubs (Bolbec, Dieppe, Frileuse, Sanvic,
Bléville, Le Havre et Fécamp) fondent la Fédération des Radios-clubs
de Haute-Normandie, Radio Fécamp devient ainsi le porte-parole des
sociétés de TSF normandes et prend le nom de Radio Normandie.
En 1929, les émissions ont lieu trois fois par semaine, le mardi, le
jeudi et le samedi de 20h30 à 22h. Profitant de la période des vacances,
la station procède à la remise en état de son matériel. L'antenne
placée au sommet de la colline a maintenant un rayonnement beaucoup plus
grand. Les pylônes ont une hauteur de 28 mètres
(photo ci-dessus).
Les appareils qui se trouvaient placés en différents points du domicile
de F. Le Grand sont rassemblés dans un même local situé sous l'antenne
au milieu des dépendances de sa propriété. La longueur d'onde est
portée à 220 mètres en accord avec le plan international de Prague. Au
début de l'émission et durant les silences, l'onde porteuse est occupée
par une petite musique jouant : "C'est une gamine charmante..."
et en fin d'émission, la "Marseillaise" est remplacée par
l'air régional "Ma Normandie". Pour la mise au point de la
modulation, les premières émissions seront composées uniquement de
musique enregistrée, mais bientôt les auditeurs normands pourront
entendre à nouveau leurs artistes favoris."
(Journal de Fécamp
10/11 août 1929)
Les lecteurs du "Ruban
sonore" (similaires aux projecteurs du cinéma parlant), ancêtres
des magnétophones actuels, étaient utilisés ici pour les émissions
enregistrées, en anglais notamment. L'enregistrement était fait sur film 16 mm (où seule la partie son était utilisée) en papier noir
opaque d'acétate de cellulose défilant à vitesse constante. La gravure
optique était réalisée électro-mécaniquement avec une pointe de
diamant.
Les
ambitions de Fernand Le Grand
sont immenses.
Il déclare en 1930 : "A
Radio Normandie, on voit loin et on espère voir de loin. La télévision
animée existe, je l'ai vue à Londres. Dans quelques années, à côté
de votre haut parleur, vous aurez votre écran et Radio Normandie devra
donner l'audition et la vision"
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